La marche des "Beurs", un rendez-vous manqué
Trente ans après la « marche pour l'égalité et contre le racisme », débutée mi-octobre 1983 à Marseille, on pourrait croire qu'avec Samia Ghali le temps avait fait son œuvre et l'égalité républicaine beaucoup de progrès. Qui n'aimerait en effet tenir comme juste symbole d'égalité la tentative d'assaut de la deuxième ville de France par une fille d'Algériens ? Qui n'aimerait se dire que l'objectif de la marche des « Beurs » - et ce, quel que soit le résultat du très complexe vote marseillais - avait fini par aboutir, même s'il avait fallu attendre trente ans ? Mais la réalité a ses leurres médiatiques : ils viennent comme des bonus cacher le quasi désert d'élus issus de l'immigration de l'ancien empire.
Cette absence de représentativité électorale en dit long sur l'échec en matière d'égalité des chances dans de nombreux domaines. La faillite est patente et le réveil chaque jour plus brutal. À la génération d'enfants d'immigrés crapahutant hier de Marseille à Paris pour demander l'égalité en droit, a succédé une nouvelle génération pour une large partie toujours exclue de fait. Elle reste à la marge, à côté du travail, de la réussite scolaire, du logement, de la représentation.
Les gouvernements se sont succédé depuis 30 ans en laissant les inégalités se creuser et les exclusions urbaines et sociales s'enraciner. Il est plus qu'urgent que l'appel, mal compris et/ou mal entendu hier, le soit aujourd'hui avec des politiques publiques à la mesure de la demande.
Rappelons-nous qu'en 1983, tandis que les « Beurs » entamaient leur marche, la France se réveillait avec une gueule de bois d'un genre nouveau : le front national siégeait pour la première fois à la mairie de Dreux. En 2013 l'histoire bégaye à Brignoles et de funestes idées s'étendent à tout le territoire. Le temps presse. Le rendez-vous avec l'égalité ne doit plus s'en remettre à la promesse, mais à l'action. Avant qu'une nouvelle gueule de bois ne nous plonge dans le coma. Pierre HENRY, Directeur général de France terre d'asile | | En bref | Dans le monde Les migrations : facteur de développement
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Face à la crise syrienne, l'Europe s'avère incapable de mener des actions de solidarité envers les réfugiés syriens à la hauteur du drame humanitaire. Mais l'urgence et l'ampleur de la situation rend l'immobilisme de l'Europe chaque jour un peu plus inacceptable. | En France L'intégration est un temps long
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Destinée à soutenir la société civile tunisienne dans la défense des droits des migrants, la Maison du droit et des migrations à Tunis lance maison-migrations.tn, site d'information sur les activités de la société civile tunisienne, ressource sur les droits des migrants, et d'actualités sur les migrations en Tunisie. www.maison-migrations.tn DICTIONNAIRE DES ÉTRANGERS QUI ONT FAIT LA FRANCE
"Étranger. À expulser." Voila ce qui était inscrit sur le carnet d'écrou du résistant franco-polonais George Charpak, avant d'être envoyé à Dachau. Il fut naturalisé des années plus tard et récompensé en 1992 par le prix Nobel de physique. Un exemple parmi d'autres dans ce dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, sous la direction de Philipe Ory, aux éditions Robert Laffont. | |
| Dans le cadre de ses activités à Calais, France terre d'asile recherche des bénévoles : interprètes, accompagnement social et juridique (accueil, accompagnement à la préfecture, au Pôle emploi, aide à la rédaction de récit de vie...). | | | | | |