Calais ou le rêve d'Ubu L'opération de police réalisée à Calais le 2 juillet dernier n'est que la énième répétition des évacuations mises en œuvre depuis 15 ans à cette porte de sortie de l'Europe. Elles sont tellement répétitives qu'elles en arrivent même à lasser les médias, pourtant friands d'opérations coup de poing. Les résultats d'une telle action justifient-ils un tel entêtement ? 120 mineurs isolés étrangers ont été acheminés vers deux centres de loisirs où aucun éducateur spécialisé n'était présent pour les encadrer. Résultat : la moitié avait déjà repris la route à peine arrivés. Au bout de cinq jours, il n'en restait plus qu'un seul. 205 personnes ont été placées en centre de rétention loin de Calais (Rouen, Metz, Rennes...) suite à des décisions stéréotypées notifiées à la chaîne. Cinq jours plus tard, c'est la préfecture elle-même qui libérait toutes les personnes encore retenues ! Au final, le seul résultat de ces opérations, aussi coûteuses pour le contribuable qu'inefficaces, est d'enfoncer un peu plus les migrants dans l'incertitude et la précarité, avant de les retrouver d'ici quelques semaines ou quelques mois, aux abords de ... Calais. Ubu est français, Ubu est anglais, il est peut-être même européen. Ils devraient pouvoir discuter ensemble. Pierre HENRY, Directeur général de France terre d'asile |