EUROPE, TERRE D'ASILE Externalisation de l'asile - les portes de l'Europe se ferment dans l'indifférence générale Tribune de Alain Le Cléac'h, Membre du Conseil d'administration En adoptant la déclaration du 18 mars 2016 avec la Turquie, les pays de l'Union européenne ont mis en œuvre une option sécuritaire assumée de la politique migratoire européenne, qui menace ou compromet le droit d'asile en Europe. C'est un changement radical de la politique européenne de l'asile. C'est la construction d'une Europe forteresse qui semble laisser indifférents les politiques et les peuples européens. Quelles sont les conséquences de cette politique ? Comme toute entrave à un mouvement de population en exil, la fermeture des frontières aggrave considérablement les conditions de vie des hommes, femmes et enfants qui ont entrepris ce voyage pour leur survie et qui se trouvent confinés au mieux dans des camps. Une fermeture étanche des frontières outrepasse le droit des États à contrôler l'accès à leurs territoires. Car elle implique le refoulement des demandeurs d'asile - ce qui est prohibé par le droit international - et leur interdit de facto l'accès à la procédure européenne de détermination de leur droit à la protection internationale. C'est un déni d'accès au droit tout comme la sous-traitance de l'application du droit d'asile aux pays tiers limitrophes. Ne pas céder au populisme Il faut avoir le courage de reconnaître que si les pays de l'Union bloquent les migrants et les réfugiés dans les pays tiers c'est essentiellement parce que leurs gouvernements ont cédé devant la dérive populiste et xénophobe d'une partie de leur population et qu'ils considèrent n'être pas en mesure de leur imposer un nombre accru d'étrangers en recherche de protection. Céder sur les droits des réfugiés c'est porter atteinte au bloc des droits fondamentaux et universels en donnant raison aux populistes qui n'y verront qu'encouragement pour amplifier leurs propos et leurs actions xénophobes. Il faut au contraire résister et répliquer aux discours de haine et d'exclusion. Quand il a en face de lui des réfugiés, le peuple sait se montrer accueillant et généreux. Les Français l'ont démontré dans les derniers mois. Retrouvez l'intégralité de la tribune sur notre site internet |